Un homme à distance | 
pickI've plunged into this one without knowing anything about it and once I started I just couldn't put it down. It's a 2-hour read, epistolary, the neverending source of quotes type, an eulogy to good litterature (with many references to famous authors).
To quote the heroine, it felt like being hit by "the sirocco, the tramontane, the mistral and the pampero" at once.
My first book by this author and certainly not the last.
Quand tu me disais regarde la vie, David, ne passe pas si vite à côté de la vraie vie...
Je ne savais plus où le soleil se levait et où il se couchait, je ne savais plus la nuit et le jour, le froid et la tempête, le pain qu‘on mange et l‘eau qui désaltère.
Je ne savais plus rien.
Tu avais tout emporté avec toi.
Le bonheur ne laisse pas de traces. C‘est une étoile filante. Il passe, c‘est tout, il remplit la vie d‘images éblouissantes qui défilent à toute allure et qu‘on ne retient pas.
Vous m‘aviez apprivoisée avec vos lettres, avec vos mots, vos formules, vos images, vos narrations. Comme le renard apprend au Petit Prince à l‘apprivoiser. Une lettre après l‘autre. Un jour après l‘autre. Vous remplissiez ma vie, vous y souffliez de l‘air chaud, du sirocco, de la tramontane, du mistral, du pampero.
Et vos mains ne se déprenaient pas, même pour manger.
Et vos regards s‘évitaient de peur de prendre feu...
Et vos joues s‘enflammaient dès qu‘une autre femme approchait.
Je la connais par cœur, mais redécouvre toujours quelques mots négligés lors des précédentes lectures.
« Les honneurs déshonorent.
Le titre dégrade.
La fonction abrutit. »
Je n‘aime pas la toute-puissance des hommes. Elle ignore trop souvent la détresse de ceux qu‘elle foudroie, qu‘elle enjambe pour arriver à ses fins.
On se construit une bulle, on prend la paille qu‘on vous tend et on réapprend à respirer. Tout doucement. Avec ces petits riens justement. Ces petits bonheurs de rien du tout, quand le grand bonheur, le bonheur effrayant, le bonheur plus grand que tous les autres vous a déserté.
L‘amour est un grand menteur, un grand dissimulateur. Il vous force à tout donner puis s‘en va, repu, ennuyé, à la recherche d‘autres cÅ“urs à dévaliser.
La vie n‘obéit pas à des lois « normales » quand l‘amour la déserte...
Vous êtes mon égale ou, mieux, je suis votre vassal, je m‘incline, je me rends, je déchire ma vanité, mon orgueil, ma morgue imbécile.
Avez-vous fait beaucoup mieux de votre vie ?
En êtes-vous satisfait au point de mépriser les pauvres efforts d‘autrui pour construire pierre à pierre un château branlant ?
Cela me prend certains soirs quand je vois tout en noir. Ma vie défile, soudain, en accéléré et j‘ai envie de freiner et de repartir en arrière. De tout ravauder.
Je préfère le quotidien, le détail volé, un mot de patois, une frite dorée, un coucher de soleil simple comme un trait d‘orange, le piqué d‘une mouette sur un filet, un bonimenteur dans un supermarché. Pas besoin d‘aller loin et de faire le savant, tout est là , à vos pieds, sous votre nez, si vous savez regarder...
Attendre une heure est long
Si l‘amour est en vue
Attendre l‘éternité est bref
Si l‘amour est au bout.
Emily Dickinson.
Des femmes et des hommes aussi. Car les émotions sont les mêmes, n‘est-ce pas, c‘est la manière de les traduire, de les laisser affleurer ou pas, qui fait toute la différence... Les femmes osent confesser des aveux que les hommes enferment à double clé dans leur cÅ“ur. Parce qu‘on leur a appris à ne rien dire, à faire comme si, à se consacrer au travail, à leur carrière, à leur vie d‘homme d‘affaires...
À cause de ces cadeaux qui me ressemblent trop...
Qui me racontent une histoire.
Qui me ramènent en arrière. Loin, loin en arrière. Là où je ne veux plus retourner.
Ce passé que je veux oublier, de toutes mes forces, de toutes mes forces...
Je vous envoie de l‘écume de vague à poser sur votre front brûlant, des papillotes de chocolat à laisser fondre dans la bouche et une grande chaussette, comme c‘est la coutume dans mon pays, remplie de menus cadeaux...
...et vous pénétrerez dans les arcanes d‘un monde intéressé où l‘argent fait battre les cÅ“urs et plier les corps, où les âmes innocentes et aimantes sont foulées aux pieds.
...et vous vous souviendrez qu‘il avance masqué, qu‘il se cache parfois sous de cruelles apparences pour mieux se dévoiler...
L‘amour n‘est pas qu‘un ravissement, mademoiselle. L‘amour peut être une torture, un traître, un tricheur. Il emprunte tous les discours, tous les costumes, tous les subterfuges.
Je m‘arrête tout le temps... Pour regarder la mer qui râpe les rochers, une maison aux portes si basses qu‘on se frotte le front comme si on s‘y était cogné, un arbre estampillé de nÅ“uds séculaires, un silex noir et blanc qui grimace comme le visage d‘une gargouille.
Je suis obsédé par les destins qui se croisent et se manquent, faute de communication, d‘explication, de courage pour s‘affronter.
Il ne faut jamais dire les secrets si l‘autre n‘est pas préparé, s‘il n‘est pas passé par les mêmes tourments que vous, parce qu‘alors votre secret lui paraît si pitoyable ou si encombrant qu‘il vous laisse seul avec votre souffrance...
L‘histoire d‘un amour haut comme une cathédrale, violent comme une bordée de pirates, avec des chants, des confessions, de l‘encens, des abordages, des orages, des prises d‘otages. Beaucoup de ferveur. Beaucoup de souffrance aussi.
On l‘oublie trop, maintenant. La souffrance peut être magnifique...
Magnifique...
Bad things, sad things have to happen... sometimes.
Mais j‘ai en horreur tous ceux qui bâclent, oublient, ou sont sourds aux délicatesses exprimées par leur prochain.
les héros de fiction me paraissent souvent plus intéressants et plus riches que les êtres réels dont je supporte assez mal les bavardages.
